Pauline fait danser les vagues ...
Lorsque j'ai contacté Pauline Horellou, pour lui proposer de publier un reportage sur mon compte br8, je me suis préparé à quelques traditionnelles questions. Certaines techniques ou d'autres sur ses lieux préférés. Mais il n'aura suffit que de quelques mots très déterminés de sa part pour comprendre le réel sens de sa démarche. L'artiste va vers l'univers de son art avant même de songer au résultat. La vrai technique est certainement dans son approche presque méditative, peut être chamanique !
Car oui, c’est une certitude « Pauline fait danser les vagues à travers la lumière du jour. »
Pouvez vous nous expliquer votre approche lorsque vous partez chasser l'instant ?
J'aime partir seule sur les longs chemins côtiers du Finistère, parfois juste le temps d'une marée montante car c’est là que je trouve sa meilleure expression.
Mais dans une autre démarche, je peux partir plusieurs jours et faire le tour d'une l’Île comme Ouessant . Ma tente bien installée au petit camping du bourg de Lampaul. Marcher est la première énergie avant d'aller ressentir celles des vagues.
Ces moments sont importants pour moi, j'ai besoin de cette désertion, de cet éloignement, une forme de solitude aussi. Capter l'instant se situe entre une nature qui s'exprime et mon propre isolement , la quête de cette sérénité et éventuellement accompagnée d' un casque sur la tête, "Rider on the storm" des Doors ou un ballet symphonique ne me déplaît pas !
Pourquoi consacrez vous autant de temps à l'observation ? vous me faites penser à un marin qui a su développer la lecture de la mer, vous avez aussi dans votre démarche une approche météorologique !
En effet, j'ai appris la mer en l'observant, en pratiquant le surf, j'ai appris à chasser les vagues, les attendre aussi, c'est une activité sportive qui nécessite aussi de la patience.
Comprendre les conditions météorologiques est important, les marées aussi.
Lorsque il est annoncé une houle additionnée à un fort coefficient et qui s'opposent à un vent puissant, je sais que les vagues vont s'exprimer. Il y aussi d'autres phénomènes comme les reliefs sous marins qui peuvent créer ces magnifiques murs d'eau .
Mais cette magie de la nature ne peut être captée sans une lumière idéale.
En effet, j'ai entendu cette belle phrase en photographie : « le pouvoir de la lumière »
Oui en effet il est le deuxième composant essentiel pour réussir mes clichés, seules de belles vagues exceptionnelles à photographier ne peuvent se soustraire à la luminosité du moment
Comment appréhendez vous la distance entre la côte et la vague ?
Je travaille avec deux boîtiers, un Nikon D500 et un D810 et je photographie principalement avec un 150-600 et un 70-200 de chez Sigma. Mes bottes, parfois une belle playlist et un bon ciré breton.
J'ai aperçu cet improbable et magnifique cliché sur des goélands, pouvez vous nous en parler ?
Il y a aussi la magie, la surprise. Sur des dizaines de milliers de photos déclenchées, arrive parfois le cliché surprise, celui que l'on ne cherche pas vraiment. A force de travail, de temps passé, la photo surprise peut arriver.
Pourriez vous donner quelques conseils pour de jeunes photographes qui voudraient débuter ?
Arriver à capter l'instant, celui qui est inférieur à la seconde, est, dans notre société, devenu une prouesse. Lorsque j'arrive sur un spot, il faut que je décroche de mon quotidien.
Au fur et à mesure des expériences acquises, j'ai la sensation aujourd’hui que mon œil fonctionne au ralenti et qu'il fragmente la vague.
Auparavant je travaillais en rafale alors qu’aujourd’hui je déclenche par lecture de la mer.
Je préfère observer la combinaison des vagues qui se forment et anticiper le mouvement qu'elles peuvent générer. Ces mouvements figés de vagues qui se télescopent ne sont pas vraiment perceptibles à l’œil nu et savoir les figer est très satisfaisant.
Alors je conseillerais de prendre le temps de l'observation, le temps passé à observer la mer et ses déferlantes devient proportionnel au résultat. Il faut comprendre, décrypter ou anticiper une situation de deux vagues qui se télescopent. Je conseillerais même de commencer sans appareil photo, apprendre à lire la mer est pour moi la meilleure info !
Mais comme un cueilleur de champignon je ne dévoile pas tous mes secrets ni mes spots !
Vous faites souvent référence au temps !
Oui en effet, nous vivons dans une société sous chronomètre ! Il faut pouvoir s' harmoniser avec la nature. Nous savons tous que c'est la gravité qui fait que la goutte d'eau tombe d'une fleur après la rosée du matin mais avez vous déjà pris le temps d'essayer de la regarder tomber ?
Il y a plusieurs formes de temps : « Le temps qui passe, le temps qu'il fera demain et le temps de vivre. Comme on dit en Bretagne Amzer zo !
Pauline Merci de vous être livrée dans l' approche de votre art, continuez à nous faire rêver en faisant danser les vagues !
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